Madame

L’Administration française ne fera plus, à l’avenir, de différence entre une demoiselle et une dame. Notons au passage qu’elle n’en faisait plus, et depuis des siècles, entre un damoiseau et monsieur. Un point pour l’égalité hommes/femmes.

J’entends d’ici les objections car la dénomination offrait, dit-on, la possibilité d’un hommage quotidien rendu à la fraîcheur. Délicieusement suranné me direz-vous… Et parfaitement désobligeant vous répondrais-je ! "Mademoiselle" traîne en effet dans son sillage deux offenses dont chacune est suffisante seule pour réduire à néant toute la poésie que l’on aura par mégarde – et trop longtemps sans doute – accordée à ce vocable.

Un : il est aussi brutal qu’incongru de réduire d’un mot une personne à son statut matrimonial ! Deux : comme l’usage associait statut de demoiselle et intégrité sexuelle depuis le Moyen Âge, un glissement sémantique avait conduit depuis plusieurs décennies à confondre intégrité et disponibilité.

Plutôt intrusif…

Laissons donc là ce "Mademoiselle"... Et tant pis pour nos vieilles tantes qui, souvent jusqu’à leur dernier souffle, s'y accrochent comme à un titre de noblesse. Elles ont d'autres mérites.

Tant pis enfin pour Mademoiselle Chanel qui fit tant pour la gloire de ce signe extérieur de célibat.

Habillée d'un Madame, elle serait demeurée Coco.