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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 11:22
 
La petite histoire ne dit pas si c’est dans les salles de classe du lycée thionvillois où elle a accompli sa scolarité queMarie Antoinette 3D Marion F. Godfroy a contracté sa passion pour l’Histoire. La grande. Devenue parisienne et désormais moderniste reconnue, membre associé du prestigieux Institut d’histoire de la Révolution française de l’université de La Sorbonne-Paris I, spécialiste du duc de Choiseul, l’historienne d’origine lorraine livre chez First un peu plus qu’une simple biographie de l’une de nos souveraines les plus controversées.
Son Marie-Antoinette pour les Nuls propose, en effet, quelques clés de compréhension inédites pour appréhender un personnage coincé depuis le XIXe siècle entre l’image d’une reine frivole, séquelle des pamphlets souvent odieux qu’elle suscita de son vivant, et celle de reine martyr, consécutive à son exécution le 16 octobre 1793. Deux caricatures au milieu desquelles l’Autrichienne demeure finalement un mystère.
Une énigme que Marion F. Godfroy a entrepris d’éclairer en faisant œuvre de « vulgarisation mais sans rien céder à la rigueur historienne », affirme-t-elle. Un exercice qu’elle estime consubstantiel au métier de chercheur : « Le travail de préparation qui précède la rédaction d’un texte de ce type est tout à fait comparable à celui que nous accomplissons d’ordinaire. Simplement, pour le rendre accessible à tous, il faut pouvoir prendre de la hauteur par rapport au sujet. C’est cette hauteur qui seule autorise les développements thématiques demandés, les textes courts, la cohérence globale de l’ensemble… » Autre différence remarquable : « Le format de la série "Pour les Nuls" ne nécessite pas d’empathie particulière pour le personnage, alors que c’est indispensable pour une biographie classique ». Conséquence : un espace s’ouvre pour une mise à distance plus nette du sujet. Or, c’est peut-être la clé essentielle d’un texte résolument différent de ceux produits jusqu’ici, puisque Marie-Antoinette y est présentée essentiellement sous l’angle politique. Une innovation par rapport à la grille de lecture très culturelle souvent privilégiée par les historiens, cinéastes ou romanciers, qu’ils soient critiques ou thuriféraires, pour évoquer l’épouse de Louis XVI.
« C’est assez navrant, mais si Marie-Antoinette est si mal connue du grand public, c’est tant du fait du mode d’enseignement catastrophique de l’histoire moderne en France que des choix artistiques réalisés notamment par ceux qui ont porté sa vie à l’écran récemment. » Ainsi, Marion F. Godfroy reconnaît à Sofia Coppola, par exemple, le mérite de s’être appuyée sur Évelyne Lever, LA grande spécialiste de Marie-Antoinette, pour tourner son biopic sorti en 2006. Mais elle rappelle aussi que l’historienne a quitté, un peu effarée, le navire en cours de route… « La photographie est magnifique, le produit est réussi mais enfin, on nous montre la reine comme si elle avait toujours eu 16 ans. Mais elle n’est pas montée à l’échafaud à 16 ans. »
Marie-Antoinette pour les Nuls
par Marion F. Godfroy  (First).
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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 17:12

RL002161824Sa mise au jour en 2004 a d'abord été passée sous silence. Pourtant, c'est une découverte rare : une lettre adressée à un soldat américain par sa tante, en 1918, retrouvée dans une bouteille à Messein, non loin de Nancy, à la faveur de fouilles archéologiques.

 

« Avec beaucoup d'amour et les meilleures pensées de toute la famille. Ta tante Pete. » Il aura fallu près de 90 ans et un sacré coup de pouce du destin pour mettre au jour les quatre feuillets ainsi conclus qui, a l'été 1918, ont sans doute mis du baume au cœur de Morres V. Liepman, sergent engagé en France dans la 35e division du corps expéditionnaire américain. Quatre feuillets postés le 15 juillet 1918 à Oklahoma City, roulés dans une bouteille de bière et découverts au printemps 2004, à la faveur d'un chantier de fouilles préventives placé sous la responsabilité de Marilyne Prévot, archéologue à l'INRAP. Ces fouilles étaient alors menées préalablement à un aménagement pavillonnaire, la ZAC des Coteaux, au lieu-dit Les Noires-Terres, à Messein près de Nancy. « Une découverte très rare », assure Marc Leroy, paléometalurgiste au laboratoire de Nancy-Jarville (CNRS). Occupés sur ce qui apparaissait d'abord aux yeux de tous comme un site d'occupation mérovingienne (VIe-VIIe siècle), les scientifiques sont tombés sur des fosses dépotoirs, des , manifestement plus modernes. « C'était la fin de journée, on farfouillait, se souvient Marilyne Prévot. Avec cette bouteille en main, de nouveau, nous avions tous 6 ou 7 ans ! Cette lettre, c’était un miracle, une carte au trésor. La dimension humaine de ce texte, cet échange, ça avait quelque chose de magique. Je suis convaincue que cette lettre voulait être retrouvée. Elle avait quelque chose à raconter. »  

Ayants droit

Pour traverser le siècle, le courrier de tante Pete a donc profité de la protection d'une bouteille de bière Champigneulles dans laquelle il avait été placé. Refermée quasi hermétiquement grâce le bon vieux système mécanique à bouchon de porcelaine, ce contenant a permis à la missive de se conserver presque parfaitement durant toutes ces années : « Légèrement dégradée sur les bords, la lettre a pu être restaurée par le département conservation des Archives nationales ».
Soutien au neveu chéri, parti au front, description d'une Amérique mobilisée derrière ses boys, récit des temps difficiles vécus au pays, allusion à la censure, etc. : la missive de tante Pete constitue aujourd'hui un témoignage précieux, touchant d'humanité. Il s'inscrit dans le droit fil des vestiges exhumés ces quinze dernières années par les archéologues de la Grande Guerre : sépulture d'Alain Fournier, fosse du 10e Lincolnshire à Arras. Différence remarquable cette fois : « Les renseignements fournis par les autorités américaines ont permis d'établir que le sergent Liepman est retourné aux Etats-Unis, sain et sauf. Il a été démobilisé le 3 septembre 1919 à Camp Dodge dans l'Iowa », précise Marc Leroy. Les recherches ont depuis permis de retrouver les decsendants de Liepman, établis au Kansas. La lettre elle est conservée à Paris aux Archives Nationales.
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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 19:19
Jacquinot.jpgPhoto Paul de Busson.
Louis Jacquinot n’est pas passé à la postérité. Du moins si on considère le rôle éminent qu’il joua dans la vie publique et la longévité politique qui fut la sienne. Jusqu’à mériter le sobriquet de « Meusosaure ».
Député de la Meuse sans cesse réélu de 1932 à 1973, gaulliste de Londres et plus de quinze fois ministre sous trois républiques, ce dernier est aujourd’hui largement oublié. Une injustice que la thèse d’histoire politique à paraître de Julie Bour et l’ouvrage que celle-ci a codirigé avec Olivier Dard, Lydiane Gueit-Montchal et Gilles Richard aux Presses universitaire de Paris-Sorbonne, Louis Jacquinot, un indépendant en politique, devraient en partie réparer. Ce volume regroupe les contributions les plus remarquables présentées lors du colloque éponyme d’octobre 2011 à Bar-le-Duc. Un travail rendu possible par l’ouverture du très riche fonds Jacquinot aux archives départementales de la Meuse.
Au fil des pages, on découvre un homme, héritier de Poincaré et Maginot mais n’hésitant pas à s’affranchir de leur permission pour se lancer à l’assaut du Palais Bourbon ; un soldat au comportement pesé mais irréprochable durant les deux guerres mondiales ; surtout, une figure de notable, au plein sens du terme, assez comparable dans sa manière de gérer sa circonscription à un Mendès-France en son fief.
Indépendant avant tout, marqué à droite, Louis Jacquinot restera sa vie durant en marge des appareils politiques, ni trop près, ni trop loin, pour finir par rallier le gaullisme institutionnel. Ce qui correspondra d’ailleurs, après 1966 notamment, au déclin de sa carrière.
Le portrait ainsi brossé nous permet d’appréhender un demi-siècle d’histoire politique de la France, de la Lorraine et de la Meuse tout en montrant, avec ce que cela requiert de nuances et de précision, ce que fut le mouvement des Indépendants durant la période. Passionnant.
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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 08:00
Pour le transfert des cendres de Genevoix au Panthéon, nous avons bon espoir pour 2018. » Bernard Maris, pieds dans la boue sur le tournage en cours de Ceux de 14 à Thierville-sur-Meuse, est optimiste. Sans le dire, le président de l’association Je me souviens de ceux de 14, époux de Sylvie Genevoix, fille de l’écrivain, décédée en septembre dernier, compte sur l’impact de cette adaptation en six épisodes de 52 minutes confiée à Olivier Schatzky pour faire redécouvrir un aspect peut-être méconnu de l’œuvre de l’auteur de Raboliot.
Avril 1915 : ça tombe dru du côté des Éparges. Le sous-lieutenant Maurice Genevoix, à la tête de sa section du 106e d’infanterie est au cœur de la mêlée. Au côté de ces soldats qu’il aime, qu’il regarde vivre et mourir depuis des mois, qu’il s’en veut parfois de ne pas comprendre assez, le jeune homme – il a 24 alors ans – fait l’expérience de l’indicible.
Des moments indescriptibles qu’il restituera pourtant avec une infinie justesse. Au point de s’attirer tout à la fois les foudres de la censure, un important succès public et l’hommage de Jean Norton Cru. Et ce dernier savait de quoi il parlait pour avoir lui-même passé plus de deux ans au feu et examiné à la loupe quelque 300 récits de soldats dans un monumental travail critique Témoins (réédité aux PUN en 1993). D’emblée, Norton Cru avait distingué dans l’auteur de Sous Verdun, Nuits de Guerre, Au seuil des guitounes, La Boue et Les Éparges, récits regroupés en un volume unique sous le titre Ceux de 14 en 1949, l’un des témoins majeurs de la Grande Guerre.
À hauteur d’homme
Dans la peau du conseiller littéraire, Bernard Maris est loin de l’économie politique qu’il enseigne ou du travail de plume d’Oncle Bernard dans Charlie Hebdo. Mais il y est peut-être plus à l’aise encore. Selon lui, la force de Maurice Genevoix est d’avoir su décrire le conflit à hauteur d’homme : « Sa vocation littéraire est née ici, dans la mouise. Il a vécu le plus dur, de septembre 1914 au 25 avril 1915 quand il est blessé de trois balles. Pendant tout ce temps, il a observé ces soldats si souvent décrits par ailleurs de manière tellement uniforme, résumés à un collectif au sein duquel chacun se serait fondu. Pour Genevoix, la forme de la moustache de celui-ci, les petites habitudes de celui-là étaient essentielles. Il n’a jamais cessé, au plus fort de l’horreur, de voir les hommes en eux. Et c’est parce qu’il a gardé tout cela en mémoire qu’il a livré une telle œuvre. »
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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 19:25

Juger les bourreaux Les procès des responsables des camps de Schirmeck et du Struthof se sont déroulés en partie à Metz dans les années cinquante. Une histoire exhumée par Jean-Laurent Vonau à partir des minutes des audiences. par Hervé BOGGIO Vous venez ici pour crever ! », lançait l’adjudant-chef SS Wolfgang Seuss aux prisonniers qui passaient la porte du Struthof. Entre 1941 et 1944, la quasi-totalité des quelque 52 000 détenus de l’unique camp de concentration implanté sur le territoire français, en Alsace, a entendu cette sentence. Elle s’est révélée exacte pour près de 25 000 d’entre eux. À Schirmeck, à quelques kilomètres, la vocation du camp était différente. Aussi, ce ne sont "que" quelques centaines d’hommes, de femmes et parfois d’adolescents qui succombèrent, victimes du régime de terreur d’un camp, dit de sûreté, dont la mission théorique était la rééducation des Alsaciens et Mosellans réfractaires. Entre 1940 et 1944, ils ont été près de 15 000 à connaître les horreurs de la détention sous le joug nazi. Dans Profession Bourreau, Jean-Laurent Vonau fait plus que nous rappeler la douloureuse histoire des camps de Natzweiler-Stuthof et Vorbrück-Schirmeck. Il « poursuit l’exploration de ce que furent ces camps, outils de l’entreprise de germanisation et de nazification forcée de l’Alsace-Moselle. Suite au travail réalisé sur le gauleiter Wagner, il était logique de procéder en se penchant sur le devenir judiciaire des bourreaux qui avaient œuvré dans ces lieux ». L’auteur est donc revenu aux sources : les minutes des procès d‘après-guerre. Entre 1946 et 1958, une dizaine de tribunaux se sont prononcés, ce qui aurait dû permettre de purger l’abcès. Pourtant, il n’en a rien été. Bien au contraire : alors que le procès de Bordeaux, suite à la tragédie d’Oradour, avait laissé des traces, la relative clémence dont ont, au final, bénéficié les tortionnaires des camps implantés en Alsace a soulevé une vague d’indignation. Car à l’exception de quelques lampistes, seul le commandant Josef Kramer, qui avait poursuivi sa carrière à Auschwitz et Bergen-Belsen, fut condamné et exécuté par les Britanniques. Les autres, tous les autres, n’ont connu les geôles alliées que durant une dizaine d’années au maximum. Cela, malgré la particulière abjection des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dont ils avaient été reconnus coupables. « La justice a, généralement, toutes les peines du monde à juger les crimes d’exception : ampleur des faits, difficultés à décortiquer les systèmes et à déterminer les responsabilités individuelles. Et, surtout, le temps qui joue contre la justice ! », précise l’auteur. Dans le cas des accusés du Struthof et de Schirmeck, dont le dernier, le kapo Richard Kuhl, n’est jugé qu’en mai 1958, le temps a bien agi comme un acide. Comme s’il avait estompé aux yeux de Thémis le caractère insoutenable des monstruosités commises. Sans parler de la dimension politique puisqu’« au nom de la Freundschaft, de la réconciliation franco-allemande, les décisions devaient être adoucies ». Les cas de Karl Buck et Karl Nussberger, respectivement commandant et chef de la police de Schirmeck durant l’essentiel de la période, sont à cet égard symptomatiques : condamnés à mort par les tribunaux de Wuppertal et Rastatt dès 1946-1947, condamnés de nouveau à la peine capitale à Metz en 1953, ils n’effectuèrent finalement qu’une peine de travaux forcés avant d’être libérés l’un et l’autre dès 1955. Un élargissement très mal vécu par les populations locales, « surtout après des procès où le comportement des accusés avait été plus que sujet à caution », indique l’auteur. En effet : la relation des échanges entre magistrats, commissaires du gouvernement, avocats et accusés que propose Profession Bourreau a souvent quelque chose de franchement surréaliste. « Invariablement, devant toutes les juridictions, la grande majorité des accusés, quel que soit son grade ou sa fonction, a protesté de son irresponsabilité dans les exécutions, rejetant la faute sur un supérieur, sur Strasbourg ou sur Berlin. Quand aux coups et aux mauvais traitements, ils auraient procédé de l’imagination des témoins : à peine s’ils reconnaissaient quelques gifles… », raconte Jean-Laurent Vonau. Une attitude écœurante, à de très rares exceptions près. Écœurante jusqu’à la nausée, à la lecture des dépositions des médecins des camps qui, à la barre, se sont systématiquement défaussés. Ces derniers, comme Mengele et Clauberg à Auschwitz, Ding à Buchenwald et tant d’autres, s’étaient pourtant livrés à des expérimentations conduisant au décès de dizaines de cobayes humains, souvent dans d’atroces souffrances. Jean-Laurent Vonau montre comment, en l’absence du Pr August Hirt, médecin chef du Struthof qui avait préféré mettre fin à ses jours avant d’être pris en juin 1945, le Dr Otto Bickenbach a tenté de se justifier à tout prix devant le tribunal de Metz en décembre 1952. De fait, ses explications ont souvent revêtu un caractère hallucinant à propos des travaux menés au sein même des chambres à gaz sur les effets de toxiques tels que le phosgène ou l’ypérite et de leurs antidotes. Des "expériences" souvent mortelles pour les sujets étudiés, ce que le scientifique a constamment prétendu ignorer ou qu’il a justifié en rappelant que seuls des condamnés à mort avaient succombé.

Lire la suite sur le site du Républicain Lorrain.

 

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 12:10

SAULCY-1.JPGLC ED 7-2-14. Voilà l’unique indice grâce auquel le soldat inconnu qui reposait depuis 1947 dans la tombe n° 1405 de la nécropole militaire de Saulcy-sur-Meurthe (Vosges) a retrouvé son nom. Un mince indice gravé à l’intérieur de l’alliance, puis sur la croix, de ce poilu tué en 1914 mais dont le corps n’avait été exhumé, à la faveur de travaux, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Sur cette seule base, et grâce à six années d’un travail acharné fourni par Alain Girod et de nombreux passionnés de généalogie, la lumière a pu être faite sur l’identité de ce soldat. Après un premier appel lancé en 2001 sur le site spécialisé Francegenweb, la « mayonnaise » a pris lentement et un réseau de généalogistes s’est progressivement mis en quête de renseignements. Force d’internet et du virus de la généalogie : la recherche a vite été relayée par des centaines de bonnes volontés. Systématiquement, les communes de la France entière ont été contactées ; le postulat de base étant le suivant : la gravure « LC ED 2-7-14 » correspondait aux initiales de deux époux et à la date de leur mariage.

Restait à retrouver la bonne combinaison enfouie dans les archives de dizaines de milliers de services de l’état civil. Au fil des ans et des dépouillements, les espoirs ont succédé aux désillusions jusqu’au 2 décembre 2005, date à laquelle une hypothèse solide est formulée par une bénévole de Saint-Dié. Celle-ci avait retrouvé l’acte de mariage d’un certain Edmond Durand avec une dénommée Lucie Cuny, hymen précisément célébré le 7 février 1914, à Clefcy dans les Vosges… Bingo ! Quelques mois plus tard l’administration des Anciens combattants confirmait l’information.

Le 25 août 2007, Alain Girod était aux côtés des filles de Lucie Cuny pour la cérémonie officielle de reconnaissance de la dépouille d’Edmond Durand, chasseur de 2e classe au 71e Bataillon de chasseurs à pied, mort pour la France à Domptail, soit à une quinzaine de kilomètres de chez lui à peine, probablement le 25 août 1914, à l’âge de 26 ans.

Après 93 ans d’anonymat.

Lire sur le site du Républicain Lorrain le dossier sur la généalogie.

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 10:31

Hommage-aux-disparuscPrymerski.jpeg ©Prymerski

 

Russes, Ukrainiens, Polonais, Yougoslaves…

Hommes, femmes, enfants… Par centaines de milliers, prisonniers de guerre ou civils raflés au hasard, ils ont été déportés pour servir de main-d’œuvre au champ, au laminoir ou dans les mines. En fait, partout où le Reich avait besoin de bras. Or le Reich, entre 1940 et 1945, c’est aussi la Moselle annexée. On estime aujourd’hui qu’au plus fort de l’effort de guerre allemand, un Mosellan sur sept était d’origine slave. À Châtel-Saint-Germain, au Ban-Saint-Jean et dans quelque 250 autres camps du Nord lorrain, ces untermenschen , ces « sous-hommes » selon la terminologie nazie, ont vécu, souffert, travaillé, aimé parfois pendant des mois. Ils sont morts aussi. Massivement : si les querelles de chiffres ne sont pas refermées, le total de 22 000 victimes est souvent avancé.

Passionné d’histoire sans pour autant revendiquer le statut de spécialiste, le journaliste et réalisateur lorrain Dominique Hennequin  est tombé en arrêt devant la vitrine d’une librairie messine où était exposé l’ouvrage d’Olivier Jarrige, Christine Leclercq, Cédric Neveu et Alexandre Méaux, Trous de mémoire  (Éditions Serpenoise, 2011 ). Un livre pionnier qui, le premier, explorait de manière globale et fouillée le destin de ces travailleurs de l’Est, on disait alors Ost Arbeiter. « J’ai eu immédiatement envie de faire un documentaire sur le sujet. Je suis mosellan, mes parents ont connu cette période. D’une certaine façon, j’ai baigné là-dedans depuis toujours », explique le réalisateur. Il se met au travail, avale une somme de documentation invraisemblable, multiplie les rencontres, avec l’historien Cédric Neveu notamment : « Son avis a beaucoup compté. Il n’est pas lorrain, il est jeune. Il porte sur la question un regard de chercheur, exempt de passion partisane, toujours soucieux d’équilibre ». Un recul précieux pour aborder une période tourmentée, un pan de l’histoire régionale qui résonne avec gravité et fait écho à la tragédie vécue par les populations mosellanes elles-mêmes.

Après cette phase de préparation, le film met plus d’une année à naître. En collaboration avec Olivier Jarrige, journaliste au Républicain Lorrain , qui a écrit le dossier d’auteur, Dominique Hennequin va vers de nombreux témoins survivants et filme autant de témoignages. Un travail de bénédictin au cours duquel les deux journalistes vont mettre en commun savoir-faire et idées complémentaires : « Au départ, j’ai servi de "fixeur" comme on dit, pour conduire Dominique sur les lieux, vers les bonnes personnes. Ce qui est bien, c’est qu’une fois ces cartes en main, il a pris l’initiative, notamment en piochant dans des archives dont j’ignorais l’existence. Il a aussi eu l’excellente idée de faire un appel aux familles et de filmer les objets soviétiques qui sont encore gardés comme souvenirs », explique l’auteur, Lorrain d’adoption depuis plus d’une quinzaine d’années.

Le fait de n’être pas un "natif" l’a peut-être initialement aidé à aborder son enquête sans a priori , même s’il reconnaît aujourd’hui que « Dominique s’est bien emparé du sujet. Parce que, justement, ça fait écho chez lui, dans son histoire personnelle. C’est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver : tomber sur un Mosellan qui décide que cette histoire est la sienne ». Une appropriation intime qu’admet le réalisateur dont la volonté avouée a été de « ressusciter » cette mémoire dans tous ses aspects, des plus difficiles aux plus quotidiens. Un travail lucide mettant en lumière les drames, les solidarités et… certains comportements moins héroïques ; présentant sans la juger l’attitude de populations elles-mêmes soumises au joug de l’occupant. Bref, l’histoire, mêlée à jamais, des Mosellans et des Ost Arbeiter.

Contre toutes attentes, les témoignages n’ont pas été difficiles à recueillir : « Ce qui a parfois été compliqué, c’est d’identifier les gens, de les retrouver. Cette étape passée, j’ai souvent été frappé par la clarté des souvenirs de certains témoins, des détails qui sont encore présents à leur esprit. Cela a souvent été poignant », raconte Dominique Hennequin. Poignant comme le récit de Firmin Schmitt se remémorant la noria des charrettes de cadavres près du Ban-Saint-Jean. Il avait 14 ans et voyait chaque jour les soldats mener ces sinistres chargements jusqu’aux fosses communes creusées à la hâte à un jet de pierre du « camp de la faim », l’un des principaux lieux de détention du territoire. Chaque année, depuis, cette terre-charnier continue de vomir quelques restes humains. Poignant comme aussi la découverte de toutes les traces laissées en forêt de Châtel-Saint-Germain : fondations maçonnées des baraquements, canalisations éventrées, vaisselles et pierres à eau d’anciens lavabos collectifs aujourd’hui mangés par le lierre et les racines.

Des traces à présent exhumées, grâce à la force des images du réalisateur. Sans doute un pas important vers l’objectif que s’était fixé Olivier Jarrige au moment où il débuta son travail : « J’aurai l’impression d’avoir réussi le jour où l’on décidera de rouvrir le cimetière de Boulay, pour recompter et surtout identifier les 3 600 morts. Le jour où, surtout, on rouvrira les fouilles au Ban-Saint-Jean. Les archives de Moscou sont accessibles. Des milliers de familles pourraient ainsi faire leur deuil ».

 

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 11:47

imagesCAQZ2V0D« L’homme se distingue de l’animal en ceci qu’il est doué d’arrière-pensées. » affirmait Antoine Blondin, dans Ma vie entre les lignes. Une aptitude qui donne souvent sa pleine mesure chez l’ homo politicus … Pas impossible que François Hollande y pense en se rasant le matin ces temps-ci. Tout comme il est possible, je dis bien possible, qu’il médite sur cette maxime du même Blondin : « Il n’existe guère que deux arts de vivre : l’un consiste à se mettre à la place des autres, l’autre à la leur prendre. » Sans plus aucune place à convoiter, puisque parvenu au sommet, le Président n’aurait donc que le choix de l’empathie… À la différence de tous ceux qui l’entourent, amis et adversaires politiques.

Le fait est que les temps sont durs pour le locataire de l’Élysée qui doit faire face aux attaques des uns et composer avec les bourdes des autres, se demandant sans doute desquels il convient de se méfier le plus. Blondin toujours, qui connaissait les Hommes et les spiritueux, estimait : « Quand on meurt de faim, il se trouve toujours un ami pour vous offrir à boire. » Une version apéritive du baiser de la mort.

Peut-être, je dis bien peut-être, que le Président de la République devrait relire Blondin.

Lire aussi sur le site du Républicain Lorrain

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 12:18

Lenotre.jpgQu’ont en commun Philippe Charlier, Michel Crépu, Franck Ferrand, Bruno Fuligni, Adrien Goetz, Michel de Grèce, Frédéric Lenormand, Emmanuel de Waresquiel, Guy Stavridès ou encore Thierry Lentz et Clémentine Portier-Kaltenbach ? La passion de l’Histoire, bien entendu, mais aussi celle de Louis Léon Théodore Gosselin, dit G. Lenotre.

Historien et dramaturge, spécialiste de Versailles, de l’histoire de Paris et des guerres de Vendée, ce dernier est aujourd’hui presque complètement – et injustement – oublié du grand public. Il compte pourtant encore de nombreux inconditionnels, parmi lesquels les onze auteurs cités plus haut, qui lui rendent un hommage salutaire dans G. Lenotre/Le grand historien de la petite histoire.

Ce recueil regroupe quelques-uns des textes fameux que l’auteur de Vieilles maisons et vieux papiers , né près de Metz (à Richemont) en 1855 et mort à Paris en 1935, consacra à sa passion : rendre accessible et transmettre le récit historique. Un art dans lequel il excella, et au nom duquel il livra une œuvre riche de plus d’une centaine de volumes. Ledit recueil tient à la fois de la présentation critique et de la déclaration d’amour, chacun des coauteurs rappelant le rôle que Lenotre tint dans son goût, souvent précocement développé, pour l’Histoire. Autant de vocations déclenchées grâce à un formidable sens de la narration, une solide érudition mais surtout « un talent inné pour faire revivre sous sa plume les grands et petits épisodes et personnages de notre histoire ». Bref, cet homme fut de ces précieux « passeurs » qui donnent envie d’apprendre.

Au fil des pages, le lecteur (re)découvrira des épisodes plus ou moins connus de la Révolution française, de l’Empire mais aussi quelques scènes étranges du Paris d’autrefois.

À lire avec gourmandise.

G. Lenotre/Le grand historien de la petite histoire , ouvrage collectif

( Jean-Claude Lattès ).

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 11:38

Au risque de sombrer dans la facilité, difficile de ne pas imaginer que derrière certains cris d’orfraie poussés par les protagonistes du scandale des lasagnes à la viande de cheval, se dissimule un cynisme en béton vibré. Résumons-nous : une grande marque internationale de plats préparés surgelés est prise la main dans le sac. Ses lasagnes estampillées pur bœuf sont, en fait, mixées au pur cheval de retour. On accuse le fournisseur – français – de ladite viande qui s’en prend lui à l’importateur – français toujours – qui rejette la responsabilité sur le producteur – roumain – qui jure quant à lui sur toute la chaîne des Carpates que « c’est pas lui, c’est l’autre ».

Je dis : Abracadabra ! Que la viande de cheval potentiellement poivrée aux anti-inflammatoires vétérinaires se change, après un drôle de tour d’Europe et sans que les systèmes de traçabilité ne tremblent, à du pur bœuf qui coûte au moins cinq fois plus cher ! C’est un peu long comme formule magique mais ça marche.

Un truc, quel truc ? Allez, je vous mets sur la voie : découvrez à qui profite la quintuple culbute tarifaire et vous aurez compris.

Le Républicain Lorrain

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